Jeudi 11 avril 2024 au local H2-1080

Cette conférence, intitulée « Et si la proche-aidance était un non choix? Le cas des francophones en contexte minoritaire de l’Ontario » sera l’occasion de présenter le travail de l’un de nos membres, Frantz Siméon, Ph.D., gérontologue, sociologue et professeur au Département des sciences humaines et sociales à l’UQAC.

Résumé :
En 2011, selon les données de Statistique Canada, 92.1% des personnes âgées de plus de 65 ans vivaient à domicile. Ce constat fait suite au remplacement de la politique d’institutionnalisation des années 70 au Canada par une politique du soutien à domicile. Ce virage a été rendu possible, d’une part, par la volonté exprimée des personnes aînées de demeurer le plus longtemps possible à domicile, et par la volonté des pouvoirs publics de maîtriser les coûts pour le système de santé : « On évalue à 210 millions de dollars les économies découlant du soutien d’un plus grand nombre de personnes à domicile plutôt que dans des foyers de soins de longue durée ». D’autre part, il découle de la nécessité de faire évoluer le système de santé et des services sociaux d’un modèle axé sur l’hôpital à un qui est axé sur le domicile. Plusieurs facteurs contribuent à ce large soutien à domicile. Parmi ces facteurs, on retient, l’amélioration des conditions de vie dont a bénéficié la génération des bébé-boomers. Cette amélioration des conditions de vie leur a permis de vieillir en meilleure santé. Toutefois, ce choix social canadien de démédicaliser le vieillissement, exprimé dans les récentes politiques publiques priorisant le soutien à domicile par rapport à la prise en charge institutionnelle, n’est pas sans conséquence. Une d’entre elles concerne la délégation d’une plus grande responsabilité aux réseaux communautaires et familiaux de proximité. La preuve n’est plus à faire à propos de la nécessaire mobilisation des réseaux de proximité pour assurer un vieillissement à domicile. Car, dès lors que les besoins commencent à se manifester (avec ou sans perte d’autonomie), les limites d’un apport de service 24/7 à domicile se révèlent dans toute leur clarté. En contexte francophone minoritaire, le défi se double de la difficulté d’accès aux services en français et de la distance à parcourir pour y avoir accès, notamment dans les régions rurales éloignées. Les proches-aidants se révèlent, dans un tel contexte, comme la pierre angulaire de ce choix de société. Comment ces proches vivent-ils ce transfert de responsabilité?